Sois toi-même ! Vous l’avez certainement déjà entendue cette phrase ?? Personnellement, elle m’a très longtemps agacée… Pour plusieurs raisons ;
La première c’est que je ne savais pas qui j’étais vraiment… Je trouvais ça limité et prétentieux de dire : “je suis une femme travailleuse, spontanée, dont les valeurs sont blablabla…”
Je ne pouvais vraiment pas donner une définition d’Emilie Lagon..
D’ailleurs, c’est quoi exactement être moi ??? Qui puis-je être d’autre que moi? Est-ce qu’être soi-même c’est se laisser aller ? Se laisser aller au sens de lâcher prise ? Est-ce que ça signifie oser la vulnérabilité ? Oser l’imperfection ? Oser ne pas répondre aux attentes présumées de l’environnement ?
Est-ce que ça signifie enlever des couches de croyances, d’éducation, de projection pour arriver à soi?
J’avais l’intuition que c’était ça, mais comment faire ???
Après avoir travaillé sur moi pendant plusieurs années (et je n’ai pas terminé… ) et maintenant que j’accompagne des femmes dans cette quête, j’avoue ne pas toujours savoir exactement ce que je veux…
La deuxième raison de mon agacement réside dans l’aspect anodin, galvaudé de cette phrase.
C’est hyper évident… Quoi, tu ne sais pas exactement qui tu es ???!!!
Bein non en fait… Je ne sais pas…
Je pense que se connaître, c’est le travail de toute une vie et qu’on n’en sait jamais assez sur soi. On ne cesse jamais de découvrir de nouvelles choses. Même le plus sage des sages ne peut prétendre se connaître complètement. Pour la bonne et simple raison qu’en tant qu’être humain, on évolue, on change en permanence.. D’ailleurs, je ne suis déjà plus tout à fait la même qu’au début de l’écriture de cet article..
Cela ne veut pas dire qu’on n’y peut rien, j’ai bien évoqué “travail”.
Oui, parce qu’on a parfois tellement été habitué à faire ou à dire ce qu’on pense que l’autre veut… Qu’on ne sait même plus vraiment ce qu’on veut nous même… L’autre étant tour à tour nos parents, notre conjoint, nos enfants mais aussi nos valeurs, nos croyances, la société, nos ancêtres….
Mais, c’est pas un peu égocentrique ? Il faut arrêter de se voiler la face ! Lorsqu’on passe des années à s’adapter que ce soit pour :
- être aimé
- être reconnu pour son travail ou ses valeurs,
- pour ne pas être abandonné,
- pour paraître fort,
- ou pour être apprécié pour sa personnalité originale …
Nous sommes déjà centrés sur nous… Seulement, on ne s’y prend pas bien. Notre raison d’être sur terre est de trouver notre place. Les personnes qui font de l’humanitaire et qui passent leur vie à aider ne le font pas que par altruisme. Ils le font pour être en accord avec eux-mêmes. Ils le font avant tout pour eux.
Le problème de s’éloigner de soi, c’est que se retrouver n’est pas une mince affaire… Car, il s’agit d’enlever petit à petit les masques qui nous collent à la peau. Le livre “Le chevalier à l’armure rouillée” de Robert Fisher traduit par Béatrice Petit est un joli conte qui se lie très facilement et qui évoque le périple d’un chevalier qui parvient petit à petit à tomber son armure. La bonne nouvelle c’est qu’il est possible de se retrouver. Ca demande du travail et de l’engagement mais c’est possible….
Maintenant, cette phrase ne m’irrite plus j’aime d’ailleurs beaucoup la citation d’Oscar Wilde :”Sois toi-même, tous les autres sont déjà pris.”
Ce que j’entends maintenant dans cette phrase, c’est : ” peux-tu te poser quelques minutes et t’interroger sur ce que tu voudrais au fond… Mais si tu ne sais pas tout de suite, ce n’est rien. Et en plus, tu as le droit de te tromper!”