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Changement professionnel ; comment arbitrer les feed-back de vos proches ?

Changement professionnel ; comment arbitrer les feed-back de vos proches ?

Après 6 ans d’accompagnement, je pense qu’une des problématiques les plus couramment évoquées est celle du feed-back de l’environnement. Ce matin, j’échangeais avec une cliente que je vais interviewer pour mon podcast. Très heureuse, elle est également inquiète de ce que vont pouvoir penser les gens qui l’entourent. Entre humilité et discrétion, pour elle parler de son changement peut s’assimiler à trahir les personnes avec lesquelles elle bossait avant. Comment ne pas choquer ou blesser ? Dans son cas, pas d’états d’âmes sur la faisabilité de son projet mais plutôt une forme de “honte” à étaler son bien-être. Elle va devoir “mettre le pied sur le frein” selon ses dires…

La plupart du temps, notamment lorsque la personne a une situation stable et pas trop mal payée, l’environnement peut porter des jugements sur le choix du changement : “Mais enfin, pourquoi te lancer dans l’entreprenariat ? Tu as une belle situation, tu es bien payé !”

Je dirais, qu’il y a plusieurs typologies de retours. La plupart du temps, lorsque ce sont des personnes proches et aimantes c’est la peur qui les pilote. Attention, cette peur ne parle pas de vous mais d’eux ! Ce sont leurs peurs qu’ils projettent sur vous.

Pour faire passer la pilule à mes clients qui ne se sentent pas soutenus je leur parle d’amour. En réalité, ils vous aiment et tiennent à vous, les pensées de peurs sont leurs pensées et ce sont elles qui vous parlent.

Souvent, l’un ou les deux parents peuvent prendre cette position. Une de mes clientes ayant crée une crèche a eu comme première question de sa maman : “Comment tu vas faire lorsque tu auras une mort subite du nourrisson ?”. Après quelques échanges de ce type et après en avoir échangé ensemble, elle a décidé de ne plus lui en parler (du moins le temps que le projet prenne forme et se fiabilise ). Ce qui est drôle, c’est qu’aujourd’hui sa maman lui dit :” j’ai toujours su que ce projet fonctionnerait.”

Une autre cliente, elle revenait à chaque séance dépitée des échanges qu’elle avait avec sa maman qui lui dressait le scénario catastrophe auquel elle risquait de s’exposer. J’avais eu le même échange qu’avec la cliente précédente. Elle se disait qu’il ne fallait plus qu’elle en parle mais c’était plus fort qu’elle. Quatre ans après, elle me confie qu’elle n’a jamais arrêté d’en parler avec sa maman et qu’elle n’a rien lâché. Elle tenait à la convaincre et elle a réussi !

Alors, quoi faire ?

Personnellement, je suis passée par là et il y a 8 ans, quand j’ai annoncé que j’allais me reconvertir dans le coaching, j’ai eu la chance d’avoir une maman qui croit en moi. Je n’ai jamais ressenti la peur dans ses yeux et comme je lui fais confiance, elle m’a transmis cette confiance. Quelques amis également m’ont soutenue. Mais ce n’était qu’une infime partie de mon entourage. La plupart du temps je n’avais comme retour qu’un long silence.

Je sais aujourd’hui que plus le projet est ambitieux (au sens qu’il ne coule pas de source) au plus il va susciter de questionnement. Le coaching ? Qui va payer pour ça ? Ce n’est même pas remboursé par la SECU ! En plus, il y a 8 ans il n’y avait que quelques écoles en France et personne ne connaissait vraiment cette profession….

Et bien étrangement, ces personnes dubitatives ont été un moteur autant que celles qui me soutenaient. J’avais envie de leur prouver que j’allais y arriver. On peut même voir dans l’exercice un entrainement pour mesurer la motivation. En effet, si après avoir parlé de votre projet vous gardez la foi malgré ce type de retour, c’est plutôt bon signe !

Vous allez me dire : “oui mais il y en a qui se plantent ! ” Alors, pour commencer, j’aimerais qu’on définisse ce que veut dire se planter ? Est-ce que ce n’est pas en restant dans le statu-quo qu’on se plante ? L’une de mes clientes ayant crée une start-up me disait que cette expérience était incroyable et que si cela devait s’arrêter dans 2 ans, elle ne regretterait jamais l’expérience. Bien sur, ce n’est pas une épopée sans embuches, nuits agitées et doutes mais cela en vaut la peine.

Le scénario du pire est un scénario que j’aime explorer durant mes accompagnements. Il s’agit en effet d’imaginer ce qui pourrait mal se passer. D’identifier dans le détail les risques afin justement de les anticiper et prévenir. À la base, je suis plutôt quelqu’un d’hyper optimiste (surtout avec mes clients). J’ai donc une tendance naturelle a croire en eux et à les encourager. Cette tendance, j’ai appris à la canaliser. Par exemple, j’invite dorénavant mes clients à rencontrer des personnes qui ont échoué dans un projet proche ou qui exercent ce type de métier et ne se sentent pas épanouis. Parce qu’une vie professionnelle teintée de rose tout le temps, cela n’existe pas.

Il y a toujours une contrepartie et c’est important d’en avoir conscience sous peine effectivement d’être bien déçu ! Imaginons que vous exerciez un métier sans responsabilité dans le commerce. Vous voulez un métier qui a du sens, qui aide et vous pensez au métier d’éducateur. Oui, il y aura du sens, mais le soir parfois, vous penserez à vos résidents. Vous aurez peu de possibilités d’évolutions de salaire. Vous serez également confronté aux manques de moyens. Etes-vous toujours aussi déterminé ?

Il y a du bon dans les personnes qui vous soutiennent et dans celles qui doutent. Ces dernières peuvent également être précieuses en évoquant des risques auxquels vous n’auriez pas songé ! Il faut donc essayer de jouer avec ça. Vous savez que votre conjoint va vous énumérer toutes les embuches que vous risquez de rencontrer ? Soit, alors, prenez-vous au jeu et entrainez-vous ! Quelle stratégie allez-vous adopter ?

La catégorie avec laquelle vous devez à mon sens passer votre chemin est celle qui est au fond un peu jalouse que vous osiez. Que ce soit, reprendre des études, postuler à un poste plus capé ou créer votre entreprise, ils jugent parce qu’ils sont au fond confrontés à leurs propres limites. Auprès d’eux, inutile de vous attarder.