Tout le monde a vécu au moins une fois dans sa vie l’expérience d’avoir choisi la mauvaise caisse au supermarché. Pas plus tard que ce matin, je m’y suis confrontée. Au moment où j’arrive en caisse, une jeune femme se dépêche d’avancer pour se placer dans la file qui semble la moins longue. A ce moment-là, je ressens une frustration ( ” zut, elle m’a devancée “) puis j’observe les différentes caisses avant de choisir :
- Les personnes devant moi ont-elles un caddie plein ?
- Est-ce que je connais l’hôtesse de caisse ou est-ce une nouvelle qui risque de prendre plus de temps ?
- Sur quelle file y-a-t-il une majorité de femmes ? Elles sont bien plus rapide d’après mes statistiques personnelles…. 😉
Ensuite, après avoir analysé cela, je fais le choix de la file dans laquelle je vais m’ENGAGER. Alors, il s’avère que ce matin, j’ai fait le bon choix. D’ailleurs j’ai vraiment reçu un shoot de dopamine quand j’ai vu que je sortais bien avant la jeune femme qui m’a devancée quelques minutes avant ! YES !
Parfois, en revanche, on se retrouve à s’engager dans une caisse qui s’avère visiblement chaotique. Mais on reste. Et il devient alors vraiment difficile de prendre la décision de changer. D’ailleurs, plus on a investi de temps, moins nous allons être en mesure d’envisager une alternative. D’autant qu’à ce moment-là, notre cerveau ne peut avoir la certitude que la file d’à côté sera effectivement plus rapide. Rien de pire que de changer de file pour constater finalement qu’on aurait dû rester dans la précédente. Il s’agit du BIAIS D’ENGAGEMENT : plus je me suis engagé dans un processus, moins je serai enclin à me désengager. C’est ce qui fait que c’est extrêmement difficile de changer de voie lorsqu’on a fait de longues études dans un domaine. Je me souviendrai toujours de cette cliente qui était à moins d’un mois de passer son examen pour devenir huissier. Elle savait qu’elle ne pourrait exercer ce métier : c’était très douloureux pour elle, et je la comprenais. Elle a cependant eu le courage de renoncer à ses études ; aujourd’hui, elle ne regrette rien croyez moi..
Autre biais cognitif* décrit par le prix Nobel D.Kahneman : L’AVERSION À LA PERTE. Nous préférons rester où nous sommes et conserver ce que nous avons plutôt que de risquer de tout perdre.
Vous savez qu’il faudrait changer, que vous avez un patron qui ne vous respecte pas, que vous valez mieux que ça, voire, vous subissez du harcèlement, mais vous restez quand même. Plusieurs raisons à cela : la prise de décision est un mécanisme très complexe de notre cerveau. Afin d’assurer notre survie, notre cerveau va entre autres chercher à maintenir vos ressources. Il est ainsi très probable qu’elles soient affaiblies par la situation actuelle. Le manque de reconnaissance, une charge de travail importante, une pression forte peuvent avoir affecté vos ressources. Ainsi, envisager un changement et ses conséquences est perçu comme un effort bien trop énergivore par votre cerveau, qui sait que vos ressources sont faibles.
En outre, si vous n’avez pas pris le temps de réfléchir à un projet, votre cerveau ne peut pas évaluer la pertinence d’un changement puisqu’il n’a pas d’elément de comparaison. Ici, c’est le BIAIS DE CONTRASTE : votre cerveau ne peut évaluer une chose qu’en la comparant à une autre.
Ainsi, il ne visualise dans le changement que du vide et de l’incertitude… Et ça, notre cerveau déteste. Alors, même si la situation actuelle n’est pas idéale, elle n’en reste pas moins connue. Vous savez qu’elle vous apporte ce salaire qui vous permet de satisfaire un certain nombre de besoins. Vous savez que vous avez votre collègue Jean avec lequel vous vous entendez bien. Vous savez que vous savez faire votre travail. Bref, actuellement, votre situation nourrit un certain nombre de besoins. C’est la raison pour laquelle la plupart des personnes attendent d’être au pied du mur pour agir (lorsque les besoins ne sont plus nourris du tout). Ils n’ont plus le choix.
LE BIAIS DE CONFIRMATION peut également nous jouer des tours : notre cerveau va capter les informations qui vont nous permettre de valider notre système de représentation, même s’il est en tout ou partie erroné. Par exemple, si je pense que mon entreprise n’est pas structurée, mon cerveau va saisir toutes les informations, situations qui vont confirmer ce que je pense et je vais littéralement occulter les situations où elle témoigne de structure. Donc, si je pense : “qu’il est dangereux et risqué de créer une entreprise”, mon cerveau va attirer mon attention sur tous les entrepreneurs qui ont échoué ou qui rencontrent des difficultés.
Voilà un petit aperçu de ce qui peut bloquer le changement. Alors, que faire ??
La clé, c’est d’agir sur vos représentations ou dit autrement : voir les choses sous un autre angle.
Je ne peux que vous conseiller de ne pas attendre d’être au pied du mur pour vous y atteler et d’être attentif à vos états internes : stress, irritabilité, sommeil agité etc. Ensuite, il va falloir questionner vos perceptions pour qu’elles évoluent et vous permettent d’avancer. Cela peut se faire avec des proches, un ami, un collègue de confiance ou un professionnel qui pourra interroger vos croyances.
Vous l’aurez compris, la première étape consiste à considérer le changement, puis à oser y mettre un pied ne serait-ce que pour imaginer un nouveau scénario. Un pas après l’autre… Contactez-vous pour en discuter !
*Un biais cognitif, c’est une distorsion dans le traitement des informations qui conduit à prendre des décisions faussement logiques, irrationnelles et inconscientes.